INTERVIEW – Pour le fondateur de Once, nouvelle application de rencontres qui se presente tel l’anti-Tinder, les jeunes urbains n’ont jamais ete autant connectes mais n’ont paradoxalement jamais ete aussi seuls.

Once se veut une nouvelle application de «slow-dating». A travers des entremetteurs humains, un seul profil reste propose chaque jour a l’utilisateur au regard de ses gouts. Si les deux se plaisent, ils ont 24 heures Afin de s’adresser la parole. Sinon, rendez-vous le lendemain. Aux Etats-Unis, l’application revendique 100.000 utilisateurs et davantage de femmes que d’hommes inscrits. Rencontre avec Jean Meyer, 33 ans, fondateur de l’application.

Notre Figaro. – Entre Tinder, Happn, Bumble… Avons-nous vraiment besoin d’une enieme application de dating?

Jean Meyer, fondateur de Once. – Oui. II manque une application ou paraissent inscrits autant d’hommes que de dames. Toutes les applications actuelles revendiquent une part egale d’utilisateurs hommes-femmes, mais c’est faux. Sur Tinder, on voit 80% d’hommes et la perception en reste de pire en pire, l’utilisation reste directement estampille «sexe facile». L’application possede une aura tres negative. Happn suit le meme chemin et ce qui risque de devenir pire, a cause de la geolocalisation des membres. I  domicile aussi depuis 70% d’hommes pour 30% de jeunes femmes, contrairement a ce qu’ils revendiquent.

J’ai rencontre de nombreuses parisiennes entre 20 et 35 ans, et elles etaient en grand nombre reellement frustrees. Dans 80% des cas sur les applications elles rencontrent des hommes qui ne cherchent qu’une relation sans lendemain, des hommes maries, etc. Elles ne veulent jamais aller sur Meetic, percu tel un site Afin de leurs parents. Et puis, on sait fort bien comment fonctionnent des mecs sur Happn ou Tinder, ils «likent» absolument l’integralite des filles et font un tri apres. Il n’y finalement aucune conversation qui s’enchaine car ces hommes ont like de facon systematique et non avec affinite.

Il n’a jamais ete aussi facile de faire de nouvelles rencontres. Pourtant, le sentiment de solitude n’a jamais ete aussi pregnant chez des 18-29 annees, cible une priorite des applications, principalement d’apri?s une etude d’la Fondation de France. Comment expliquer votre paradoxe?

C’est exactement ca. Nous n’avons jamais ete autant connectes et nous n’avons jamais ete aussi seuls. Notre drame reste que nous avons trop de choix. Nous sommes amoureux une phase passion et nous y sommes dependants, serieusement dependants, comme a d’une cocaine. Les multiples outils nous permettront d’avoir acces a ce nouveau frisson tellement rapidement que nous n’avons pas a nous remettre proprement dit, jamais. Si j’ai besoin ma dose de frisson induit par le premier baiser, avec le fait de toucher une nouvelle peau, je peux le tomber sur quand je veux! Mais ce qui nous rend malheureux et nous fait nous sentir seuls, c’est que les hommes et ces dames ne semblent gui?re accros a votre frisson au meme moment de leur vie.

Tout i  l’heure, entre 20 et 30 ans, au sein des grandes metropoles les femmes ont beaucoup de pouvoir en terme de rencontres amoureuses.

Elles pourront enchainer nos relations plus ou moins serieuses, elles ont le choix. Des que la phase passion se termine elles peuvent changer de mari. Mais autour de 35 annees, votre rapport s’inverse et le pouvoir dans la relation amoureuse change. Les hommes entre 35 et 40 ont nombre plus le choix mais s’interessent aux jeunes filles de moins de 30 ans, on le constate a travers des profils qu’ils selectionnent. On se retrouve donc avec des femmes de 35 ans magnifiques, brillantes, avec de tres belle carrieres, elles sont avocates ou medecins mais rencontrent de belles difficultes a tomber sur quelqu’un. C’est le drame de nos urbains d’aujourd’hui. Ils ne se rencontrent plus. J’ai eu des femmes hallucinantes de 35 ans, je ne comprenais meme pas comment elles pouvaient rester celibataires environ deux jours! J’ai donc voulu coder une application specifiquement pour ce public a J’ai recherche de relations serieuses.

Pourtant, ni Tinder ni Happn ne se seront presentees comme des applications specifiquement dediees a la recherche d’un partenaire sexuel. Ce sont les utilisateurs qui en ont decide ainsi.